Alors suite et fin de ces articles abordants mon expérience dans les Musées. Ce qui s’est passé dans le Musée Français m’avait laissé une bonne expérience malgrè quelques difficultés à gérer, parfois, avec les caractères de certains de mes collègues.
Quand nous sommes arrivés aux U.S. j’avais fait ma demande d’autorisation de travail dans les deux semaines où nous sommes arrivés et en attendant je m’étais renseigner sur les activités que je pouvaient faire sans ce précieux sesame. Je me suis donc dis, autant aller voir dans ce que je connais, les Musées.
J’ai fait une demande de stage dans un des musées qui ressemblait le plus au Musée Français.
Le premier Musée : le stage
J’ai donc commencé en Janvier par un stage dans un musée de Beaux-Arts ressemblant à mon ancien Musée dans le Registrar Department. Ce Registrar Department s’occupe avant tout des réserves, de l’inventaire et du montage/ démontage des expos. Ce pôle était composé de 3 personnes, la Registrar, l’assistant regirstrar et un preparator (menuiserie, peinture …)
Le but de ce pôle est donc de préparer les expos (choix des oeuvres, mise en espace, correction des cartels) une fois que les thématiques ont été décidées par le(s) Curator(s). Ce qui changeait de mon expérience en France, c’est que le montage et démontage était réservé aux agents du pôle sécurité / surveillance.
Mes missions principales étaient d’aider aux montages et démontages ainsi qu’à la préservation, l’inventaire et la recherches sur certains objets.
Je faisais les reherches sur les objets et j’entrais les infos sur le base de données. Ensuite ces recherches permettaient de savoir les items allaient être conservés au sein des collections ou non. C’est aussi différent de la France où la plupart des collections sont inaliénables et inprescriptibles. Ici on peut revendre si ça ne correpond plus, si ça encombre. Et, du coup, acheter aussi. Les revenus et les expositions des musées dependent aussi des Grants, ou dons faits par des fondations, organismes, banques, particuliers …
Grosso modo la hierarchie était la même, le directeur, les conservateurs, les chargés d’inventaires (une catégorie en France, faisant partie du departement de la conservation), des médiateurs, les agents d’accueil et de sécurité. ce qui change, ce sont les docents, les guides qui sont bien souvent des retraités volontaires.
J’espère que vous avez tout bien compris parce que là ça va se corser !
Le deuxième Musée : le poste de Curator
J’ai ensuite été recrutée par un petit Musée privé.
J’ai pris mes missions et le premier jour j’ai beaucoup discuté avec les collègues pour savoir ce qu’ils faisaient etc.
Notre installation était assez sommaire, nous avions nos 5 bureaux (pour 6 au début) dans une seule pièce avec les gens qui passent, qui mangent, qui téléphonent, ma chef qui reglait ses conflits familiaux dans son grand bureau juste à côté. Il faut aussi savoir que le musée avait une Galerie d’Art attenante et que deux des personnes travaillant avec moi étaient dédiées à la Galerie (c’est important pour la suite).
Mes missions étaient de mettre en place les expositions et d’aider à l’accueil des publics en prenant mon tour au front desk. Pareil jusque là j’étais plutôt d’accord, nous n’étions que 6 avec des missions particulières et à cette époque il n’était pas possible d’engager une personne pour ce poste. Nous devions donc prendre notre tour par session de deux heures à l’accueil et travailler un week-end sur deux. Bref ! J’étais ok aussi avec ça, petite équipe il fallait faire des concessions, le salaire était très bas (au niveau d’un employé de Walmart) et aucune couverture sociale. Mais je me suis dit que le jeu en valait la chandelle faire partie d’un musée tout nouveau, une belle aventure à venir, tout construire donc tout bien faire.
Nous étions donc 6 : deux personnes pour la Galerie d’Art, deux personnes pour le Musée, une administrative, ma chef et durant quelques mois une artiste qui donnait des cours et faisait les visites. Mais comme tout dans ce musée, c’était fluctuant. J’avais eu des budgets assez limités en France, mais là c’était le néant, j’ai acheté mes gants, mes fournitures de bureau, pas d’argent pour du matériel de conservation, comme par exemple des tapis Navajo du début du siècle qui n’était pas dans des boîtes de conservations. J’ai passé énormément d’heures à l’accueil en tentant de faire mon travail en même temps… parce que certaines de mes collègues ne voulaient pas le faire, avec en prime des idées nouvelles abandonnées aussi vite toutes les 5 minutes.
Bref ! Les week-end étaient aussi un problème. A la fin, j’ai fait un mois complet en bossant du mardi au dimanche plus toutes les heures à la maison sans être payée … c’était trop nerveusement je n’en pouvait plus.
Je ne vais pas passer des heures à vous dire que ce fut une mauvaise expérience qui s’est mal terminée, mais je suis bien contente que ce soit fini ! Et il ne faut surtout pas prendre cette organisation pour définition de ce qui se passe dans les Musée aux US. Ce n’était pas un musée, c’était une vaste blague ! Et au final je passais beaucoup mon temps à bosser sur des projets de la galerie que personne n’avait le temps de faire et une fille de la galerie prenait les projets d’expo à ma place et faisait donc mon boulot … aucun intérêt !
Pour moi le pire était : la gestion des oeuvres et leur conservation, les tableaux, certains arrivés en mauvais état (ce qui arrive ailleurs aussi) et pas d’argent pour les faire restaurer correctement, des investissements dans des expos beaucoup trop cher alors qu’on pouvait faire avec le peu que l’on avait en réserve, pas de notions de droit à l’image et j’en passe. Je suis Française pas idiote, je comprends parfaitement l’Anglais et je sais comment un musée fonctionne même si à priori c’était pas pour ça qu’on m’avait embauchée.
En somme : une mauvaise gestion, une mauvaise organisation (changer les horaires d’ouverture toutes les deux semaines, selon les envies des deux filles de la Galerie), presque aucune réserve, pas de communication, des crises d’égo et des drames pour des pécadilles, l’une de mes collègues est partie avant moi … ce n’était pas une mauvaise idée !
Troisième Musée : Le volontariat
Maintenant je fais quoi ? Je suis un peu prof, j’ai plusieurs élèves à qui je donne des cours d’Histoire et même de Français (si mes profs de français savaient ça …!) Je fais aussi du volontariat dans une Historical Society, je fais ce que j’aime trois matinées par semaine (gardant les apres midi pour mes élèves) : de l’inventaire, je vois de près des objets, des robes magnifiques (1830 pour les plus anciennes !) j’ai même un espace pour moi !
C’est génial ! Je peux y aller en vélo (c’est sur le campus) j’ai mes week-end pour profiter de mon Grand, je ne fais plus d’évenements le soir jusque tard toutes les semaines …! Je gagne de quoi me payer de quoi faire ma couture, j’ai le projet d’enseigner … on verra ! Mais aujourd’hui je vais mieux, je dors mieux, je suis moins nerveuse et je peux profiter de l’Arizona encore quelques mois avec sérénité. Pour l’Ohio ce sera pour dans 4 mois, une autre aventure !